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Titre : | Une tragédie pour le dialogue social ? Comment le numérique a perturbé la dimension théâtrale du dialogue social lors du premier confinement lié à la COVID-19 (2022) |
Auteurs : | Vincent Pasquier ; Pauline de Becdelièvre |
Type de document : | Article : document électronique |
Dans : | Relations industrielles / Industrial relations (vol. 77, n° 1, Hiver 2022) |
Article en page(s) : | Diffusion numérique : 10 mai 2022 |
Langues: | Français |
Catégories : |
Thésaurus CEREQ NEGOCIATION COLLECTIVE ; NTI - NOUVELLE TECHNOLOGIE DE L'INFORMATION ; TELETRAVAIL ; SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS ; EMPLOYEUR ; REPRESENTANT DU PERSONNEL ; ORGANISATION SYNDICALE ; CRISE SANITAIRE ; FRANCEAuteur Cité GOFFMAN |
Mots-clés: | Covid-19 |
Résumé : |
Notre article s’intéresse à la manière dont le dialogue social se transforme lorsque les échanges se déroulent en ligne. Jusqu’à très récemment, le dialogue social avait largement résisté aux appels de la numérisation. Cependant, avec la COVID-19, les rencontres en personne ont dû être remplacées par des interactions à distance. En raison de ce changement soudain, notre article propose d’examiner comment les rituels de dialogue social se transforment lorsque les interactions entre les employeurs et les syndicats deviennent virtuelles.
Pour mieux cerner cette problématique, nous mobilisons le cadre théorique développé par Goffman (1973) dans lequel le monde social est métaphoriquement comparé à un théâtre. Ainsi, nous proposons d’étudier l’évolution dramaturgique des relations entre les syndicats et les employeurs lorsque la scène et les coulisses du dialogue social se dématérialisent. Pour analyser empiriquement cette question, nous avons réalisé 23 entretiens avec des acteurs impliqués dans le dialogue social en France, dont 13 qui représentent la partie syndicale et 10 qui représentent la partie patronale. Nos résultats mettent en évidence trois mécanismes qui, sur la scène, contribuent à l’étiolement de la dramaturgie du dialogue social : la perte du caractère théâtral des interventions syndicales, l’isolement des représentants des salariés et la désynchronisation de leurs interventions. Notre étude empirique souligne aussi comment, dans les coulisses du dialogue social, le passage au numérique se traduit globalement par un appauvrissement des échanges, à l’exception des relations basées sur des liens forts. Fort de ces constats, notre article contribue à la littérature en postulant que les changements observés concourent à une perte de pouvoir pour la partie syndicale. En outre, derrière une pacification de façade des interactions patronales-syndicales, nous soulignons que la perte du caractère théâtral du dialogue social pourrait éloigner les acteurs d’une dynamique intégrative et les enfermer dans un mode plus distributif. |
Document Céreq : | Non |
En ligne : | https://doi.org/10.7202/1088553ar |