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Titre : | « Les cadres pris dans la gestion » (2017) |
Auteurs : | Hélène Stevens ; Laurent Willemez |
Type de document : | Article : document Ă©lectronique |
Dans : | Savoir/Agir (n° 40, 2017/2) |
Article en page(s) : | pp. 9-11 |
Langues: | Français |
Catégories : |
Thésaurus CEREQ GESTION ; CADRE ; ENCADREMENT ; EVALUATION DU PERSONNEL ; INDICATEUR ; FRANCE |
Résumé : | Les articles réunis dans ce numéro permettent de montrer que les outils de gestion qui sont à l’œuvre ne font pas que contraindre de manière externe l’activité de travail des cadres et de leurs subordonnés : ils produisent également des formes d’autocontrainte, voire d’auto-exploitation. Car il s’agit bien, via les indicateurs de gestion, les entretiens d’évaluation, la mise en œuvre des « équipes projets » ou encore les rendez-vous de « coaching » – autant d’outils s’adressant aux individus et non au collectifs de travail – de produire de l’adhésion, d’enrôler les salariés, d’agir sur les subjectivités des uns et des autres. D’où l’instrumentalisation souvent réitérée des sciences humaines et sociales et tout particulièrement de la psychologie, qui ont pour objet de travailler en profondeur les comportements, les conceptions de soi-même, les représentations du travail et de l’entreprise, etc. C’est ce qui conduit les sociologues à parler d’« emprise managériale » ou encore d’effets de violence symbolique contenus dans ces outils. Cette emprise fonctionne d’autant mieux auprès des cadres que ces dispositifs rencontrent les attentes d’un certains nombre d’eux et qu’ils en retirent des gratifications matérielles et symboliques. Ils sont ainsi « pris dans le jeu » qui repose notamment sur une correspondance et des affinités avec leurs dispositions sociales, leurs « valeurs » et leur rapport au travail, caractérisé par une recherche d’expression individuelle et de performance. C’est par cette forme d’homologie entre des logiques et structures managériales et des dispositions sociales que ces outils peuvent être mis en place, développés, pérennisés, perpétués.C’est pourquoi les travaux de sciences sociales qui opèrent un patient travail de déconstruction de ces outils et de leurs effets sur les pratiques professionnelles, les conditions de travail et les rapports sociaux dans l’entreprise – comme c’est le cas des articles présentés, sont importants. Parce qu’ils montrent finement combien les injonctions, les objectifs et les outils managériaux peuvent altérer l’activité même des travailleurs, leur travail quotidien, l’attachement qu’ils peuvent en avoir et les intérêts qu’ils sont susceptibles d’y trouver, ils constituent une ressource pour remettre en question les rouages d’un jeu – qui peut se transformer en piège – dans lesquels les cadres sont pris. |
Document Céreq : | Non |
En ligne : | http://www.cairn.info/revue-savoir-agir-2017-2-page-9.htm |