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Titre : | Le fragile refuge de l’habitude : Rythmes et ruptures du travail intérimaire (2012) |
Auteurs : | Philippe Rosini |
Type de document : | Article : document Ă©lectronique |
Dans : | Techniques & culture (n° 58, 2012/1) |
Article en page(s) : | pp. 212-239 |
Langues: | Français |
Catégories : |
Thésaurus CEREQ TRAVAIL INTERIMAIRE ; OUVRIER ; SAVOIR FAIRE ; TRANSMISSION DES SAVOIRS ; STRESS ; FRANCE |
Résumé : | À la lecture d’auteurs très classiques ayant entrepris un travail d’immersion – comme Simone Weil ou Robert Linhart –, nous pouvons constater que, plus que la répétition, les interruptions et les changements de tâches imprévisibles sont source d’angoisse pour les ouvriers. L’intérimaire est la figure actuelle du travailleur peu qualifié qui multiplie les tâches temporaires et voit son activité fréquemment reconfigurée. Le travailleur temporaire qui vient de s’adapter à ses collègues du moment doit « régulièrement » les quitter pour nouer d’autres habitudes et d’autres relations, toutes aussi temporaires et incertaines, perdant ainsi l’esquisse des automatismes à peine intégrés. L’intérimaire voit ces habitudes fraîchement acquises – comme l’agencement des espaces et la manipulation des outils, les adaptations rythmiques et comportementales – se dissoudre devant les nouvelles configurations. Ce qui revient à renouer avec l’hésitation et la maladresse qu’engendre la position du débutant qui doit incorporer les logiques du travail auquel il vient d’être assigné. Ces travailleurs substituables sont placés sous l’autorité des plus anciens et circulent de postes en postes dans les unités de production. Au niveau de l’activité quotidienne, les intérimaires effectuent des tâches ponctuelles et majoritairement déléguées par les employés permanents, qui considèrent ces besognes comme extérieures au métier. Depuis les travaux fondateurs de Marcel Mauss, l’ethnologie des techniques nous enseigne que l’acquisition des savoir-faire technique prend du temps. Un temps qui fait défaut aux intérimaires. Les ruptures constitutives de cette forme d’emploi entravent les processus de transmission. Néanmoins, les intérimaires peuvent tirer parti d’un savoir faire cumulatif développé au fil des contextes qu’ils rencontrent. Des routines se développent chez ces travailleurs régulièrement confrontés à des missions hétérogènes mais souvent composées de tâches analogues. Plus vulnérables que les salariés permanents, les intérimaires restent démunis face au caractère imprévisible d’un arrêt soudain de leur activité. |
Document Céreq : | Non |
En ligne : | http://www.cairn.info/revue-techniques-et-culture-2012-1-page-212.htm |