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Titre : | Humanités environnementales : Dossier (2020) |
Auteurs : | Marianne Celka, dir. ; Fabio La Rocca, dir. ; Bertrand Vidal, dir. |
Type de document : | Article : document Ă©lectronique |
Dans : | Sociétés (n° 148, 2020/2) |
Article en page(s) : | pp. 5-141 |
Langues: | Français |
Catégories : |
Thésaurus CEREQ ECOLOGIE ; SCIENCE HUMAINE ; DEVELOPPEMENT DURABLE ; SCIENCE SOCIALE ; DEFINITION ; FRANCE |
Mots-clés: | Humanité environnementale ; Nature |
Résumé : | Les humanités environnementales constituent le moyen privilégié par lequel les sciences humaines et sociales se saisissent des mutations de paradigme en cours ainsi que du transfert des valeurs que ces dernières impliquent : une nouvelle vision du monde et de nouveaux cadres de référence susceptibles de rendre compte de la pensée d’une époque. Il faut alors régénérer la pensée afin de dire le monde dans lequel nous vivons et saisir la typicité d’une sensibilité écosophique, écouménique, mésologique, dans une approche sensible des relations entre les hommes, les milieux et les environnements humains et non-humains. La pluralité des débats et des controverses passés doit ainsi permettre l’impulsion d’une perspective dans laquelle nous nous pensons effectivement comme des êtres à l’intérieur d’un monde. Hélène Houdayer inaugure ce numéro thématique avec une réflexion sur le Guide des humanités environnementales (de A. Choné, I. Hajek et Ph. Hamman, 2016) qui se présente comme un précieux état des lieux des savoirs issus des domaines des lettres et sciences humaines et sociales sur la nature. René Blais rappelle ensuite que la géographie doit dépasser son mode de connaissance dualiste pour mieux saisir les éléments qui constituent nos intrications à l’environnement. En ce sens, les notions d’ambiance, de milieu et de médiance donnent accès à la complexité des phénomènes observés (Toumadher Ammar) et font de la mésologie et de sa dimension esthétique un prisme à partir duquel renouveler nos catégories de pensée (Lenice da Silva Lira). Les environnements doivent être compris comme des « paysages » co-construits au cœur d’enjeux à la fois politiques, architecturaux et urbanistes dans le cadre desquels les écofictions prennent une grande part, comme cela est particulièrement visible lors de l’organisation des expositions universelles contemporaines (Patrice Ballester). La question des ontofictions aussi, et les manières avec lesquelles elles façonnent notre réel et peuvent produire de nouveaux « environnements » (Aurélien Fouillet et Axelle Grégoire), illustrent les forces de l’imaginaire en action comme avait su le montrer le sociologue Gilbert Durand, fondateur du courant de l’imaginaire. Le dossier se poursuit par l’investigation de plusieurs thématiques récurrentes parce que cruciales des humanités environnementales. La question des energy humanities en tant que champ disciplinaire interroge l’extraction et la consommation des ressources énergétiques fossiles mais aussi l’importance et l’impact des « pétrofictions » sur l’esprit d’une époque (Matthieu Duperrex). Les représentations romantiques puis post-apocalyptiques des ruines deviennent à leur manière des objets privilégiés capables de saisir l’ambiguïté du rapport de la modernité à la nature (Nathanaël Wadbled) ; l’effondrement des colonies d’abeilles, en même temps qu’un paradoxe, signifie l’ampleur et la complexité d’une crise qui nécessite la mise en place de modèles relationnels alternatifs plus éthiques tant envers la planète qu’envers ses hôtes (David Latour) ; de même, la question des Espèces Exotiques Envahissantes (EEE), leur traitement informationnel et communicationnel, révèlent nos rapports à soi et aux autres ainsi que le poids des imaginaires et des catégories de pensée sur le con-vivre interspécifique (Jean-Louis Yengué et Matthias Boureau). Comme le soulignent ces auteurs, « [l]es certitudes s’effritent, les nuances se renforcent, les arguments s’entrechoquent », et c’est bien cela qu’il faut garder à l’esprit pour investiguer les humanités environnementales, renforcer les nuances, faire entrechoquer les arguments, voilà une exigence qui, plus que jamais, doit guider les réflexions en sciences sociales. Celles présentées dans ce numéro sont autant de propositions d’entrées susceptibles de capter les manières par lesquelles nous façonnons les environnements et comment, en retour, ils nous façonnent. |
Document Céreq : | Non |
En ligne : | https://www.cairn.info/revue-societes-2020-2.htm |